La genèse du Salon du Chocolat de Paris expliqué par Sylvie Douce





Sébastien – Bonjour, ici Sébastien du site internet Chococlic.com. Aujourd’hui, je suis au Salon du Chocolat avec Sylvie Douce une des cofondatrices du Salon.
Bonjour Sylvie.


Sylvie Douce – Bonjour.


Sébastien – J’aimerais que tu nous parles de la naissance – parce que c’est vrai qu’on vient régulièrement au Salon du Chocolat, mais on ne sait pas toujours en fait la naissance ; pourquoi ce Salon du Chocolat et maintenant autour du monde le Salon Mondial ? Est-ce que tu peux expliquer ses racines ?


Sylvie Douce – Alors la première racine, je dirais que c’est la rencontre avec mon époux François Jeantet puisque ce Salon du Chocolat est une histoire d’amour et de passion. Donc d’abord notre amour puisque nous nous sommes mariés entre temps à cause ou grâce au chocolat et puis après notre passion pour le chocolat lui-même qui après est devenue par la suite une passion pour les chocolatiers puis les planteurs et de la passion nous sommes passés à la mission. Alors pourquoi un Salon du Chocolat ? Parce que tout le monde mange du chocolat, que le chocolat c’est un luxe accessible et que toutes catégories sociales confondues on va dire, tous âges, il était important de lui consacrer un Salon ; que le chocolat ait son Salon, son écrin on va dire, puisque c’est un luxe, et en même temps c’est un produit de consommation courante, parce que tout le monde en a dans son placard de cuisine sous forme de tablette souvent et puis, quand on parle de chocolat c’est lié au rêve, c’est un plaisir, gourmand, discret, à un moment coupable, maintenant ouvert et puis de partage aussi parce que le chocolat c’est un produit magique. C’est une potion magique au 21e siècle, qui permet des rencontres, un partage.


Sébastien – Donc ça fait maintenant 22 ans que le Salon du Chocolat à Paris existe et il y a plein d’implantations dans le monde entier.
Quelles ont été les difficultés ? Est-ce que tu peux nous raconter quelques anecdotes ?


Sylvie Douce – Comme toujours en fait c’est une aventure, c’est une success story on va dire. Mais comme toujours personne n’y croyait donc nous nous sommes battus pour le mettre en œuvre avec bien sûr des chocolatiers qui étaient à nos côtés comme Robert Linxe de La Maison du Chocolat, Jean-Paul Hévin, Pierre Hermé, enfin des gens solides, quelques grands industriels aussi : Côte d’Or, Nestlé ; des gens qui y croyaient, qui pensaient que c’était bien de montrer justement que le chocolat en plus c’est un produit qui peut à la fois être traité de manière industrielle pour que tout le monde puisse en manger – parce que ce sont quand même les grands industriels qui ont permis cette démocratisation du chocolat, hors nous vivons en démocratie, donc il faut que tout le monde puisse en manger à tous les prix. Et en même temps aussi des grands talents de la profession qui tirent le chocolat vers le haut, justement en travaillant sur les textures, sur les origines avec le beans-to-bar puisque maintenant le chocolat est devenu un produit de la gastronomie et c’est très important et les Français c’est vrai, sont très forts dans ce domaine. Donc que les Français aient créé ce Salon du Chocolat qui maintenant rayonne dans le monde entier, quelque part, je dirais qu’il y a une espèce de légitimité et il faut la revendiquer.


Sébastien – Tu parlais de mission, au niveau du Salon du Chocolat, pour toi c’est quoi votre mission aujourd’hui ?


Sylvie Douce – Nous, notre mission ça a été d’abord de montrer que les chocolatiers déjà, pouvaient communiquer entre eux, aussi bien les industriels que les artisans ; communiquer auprès du grand public en recréant des liens affectifs avec les marques ou avec les chocolatiers eux-mêmes parce que le grand public les voit, voit les marques dans les grandes surfaces mais ne connaissent pas les hommes qui sont derrière les marques. Même chose, ils voient les grands talents de la profession, les Michalac, les Adams à la télévision mais là, ils sont là, ils viennent à travers toutes les salles de démonstration, toutes les animations, revaloriser les filières professionnelles auprès des jeunes, parce que c’est une profession il y a 22 ans qui était complètement désaffectée et je pense que justement les scènes que l’on crée, les ateliers, avec tous ces talents de la profession permettent de revaloriser ces filières et surtout ce qui nous paraît très important c’est recréer des liens entre les pays producteurs qui sont là très présents et les professionnels qui maintenant vont directement dans les plantations. Alors il y avait des générations de chocolatiers qui allaient directement dans les plantations. Je pense aux Bonnat, Pralu évidemment aux Bernachon, mais maintenant de plus en plus, chacun le fait. Il y a aussi des créations et des nouvelles générations de planteurs comme les Marou par exemple, des jeunes qui vont vers ces métiers et en fait l’idée c’est de vraiment revaloriser ces filières, de permettre une conexion directe et immédiate avec ces filières pour créer bien sûr de nouvelles vocations mais aussi permettre l’éradication d’un certain nombre de choses qu’on ne veut plus voir ou voir différemment comme le travail des enfants, acheter les fèves à bon prix, aller vers un aspect plus équitable, plus bio, respecter l’écosystème, revaloriser la forêt et son rôle tellement important pour la planète qui peut être sauvée grâce aux cacaoyers – parce qu’avec François nous avons aussi cette mission puisque le cacaoyer ne pousse que dans la forêt équatoriale et sous les grands arbres – donc quelque part de manière très veinale on peut le dire, mais si l’homme n’est pas capable de faire autrement, de dire qu’en mangeant du chocolat il va sauver les arbres. Et ça c’est important. Donc le cacao va sauver les arbres et il y aura peut-être moins de destruction, donc ça peut être aussi un pari. Donc il y a énormément d’enjeux. Le chocolat, ce n’est pas que du plaisir ou tout ce que je vous disais tout à l’heure, il porte en lui ses valeurs de partage, de plaisir mais en plus, c’est vrai qu’il a une dimension nouvelle, avec une prise de conscience nouvelle à laquelle nous contribuons je pense.


Sébastien – Par rapport à tout ça, qu’est-ce que pour toi le chocolat évoque et les émotions que toi tu as par rapport au chocolat ?


Sylvie Douce – Par rapport au chocolat pour moi c’est très régressif parce que mon grand-père dirigeait une entreprise de gâteau au chocolat qui s’appelait Gondolo. Je cherche d’ailleurs désepérément cette marque. Je crois qu’elle a été rachetée par Nestlé et qu’elle est en sommeil. C’était des biscuits qui étaient nappés de chocolat et moi quand j’étais enfermée petite dans le placard à gâteaux – c’est là où il stockait ses boîtes – que je n’étais pas sage, j’étais au milieu des gâteaux donc j’étais heureuse de toute façon. Après bien sûr la rencontre avec François, cette rencontre avec tous les professionnels. J’aime le chocolat sous toutes ses formes, dans tous ses états. J’aime le chocolat chaud. Je pense à, quand j’étais en pension, mon carré de chocolat à quatre heures avec le pain. Le pain c’était merveilleux. Il y avait une année c’était la pâte de fruits, une année c’était le chocolat. Bon je préfèrais bien sûr tous les deux jours le chocolat, et puis au-delà de ça, le salon avec tout ce qu’il peut nous apporter de plaisir, de bonheur, de réunir le monde du chocolat, d’avoir le monde entier. Cette année les Japonais particulièrement, mais les Belges ici et en Belgique, les Anglais ici et en Angleterre sur chaque salon, et le stress aussi de l’organisation d’un salon parce que je peux vous dire que 20 000 mètres carré de chocolat en cinq jours avec 130 000 visiteurs, je ne vais pas dire « ce n’est pas du gâteau » mais quand même c’est pas du gâteau !


Sébastien – Ce n’est pas une partie de plaisir.


Sylvie Douce – Voilà.


Sébastien – Merci à toi. Une petite dernière question : qu’est-ce que tu pourrais dire aux personnes qui aiment le chocolat ou en tout cas faire découvrir, quel est le dernier mot que tu pourrais leur dire ?


Sylvie Douce – Venez au Salon du Chocolat, c’est important. Nous avons sauvé d’abord des cœurs avec Mécénat Chirurgie Cardiaque, à nouveau cette année deux cœurs d’enfant en ouvrant la soirée inaugurale au grand public. Je voulais juste expliquer une chose que peu de gens connaissent : c’est vrai qu’au Salon du Chocolat nous organisons un défilé de robes en chocolat et tout le monde se demande pourquoi des robes en chocolat. Tout simplement parce que l’idée est née à partir du mot robe. On parle de la robe d’un vin. Il y a beaucoup de similitudes entre le vin et le chocolat à travers le fruit et la transformation du fruit. On parle de la robe d’un chocolat et une robe est une œuvre d’art comme un chocolat qui est travaillé de manière très artistique par le chocolatier et donc pour nous c’est une possibilité de présenter les collections des chocolatiers chaque année à travers la création de ces œuvres comme les défilés de mode présentent les tendances et bien c’est la même chose, on présente les collections des chocolatiers. C’était une manière de tirer la profession vers le haut, ce que nous voulions faire pour faire rêver, parce qu’on rêve toujours de ce qui est inaccessible ou qualitatif.


Sébastien – Merci Sylvie pour cet échange. C’est un plaisir.


Sylvie Douce – Merci à vous.


Sébastien – C’est un plaisir. Nous, on se retrouve pour une prochaine vidéo complètement chocolatée et je vous dis : à très bientôt. Bye !

Sébastien Rivière et Sylvie Douce©ChocoClic.com

ChocoClic


La rédaction vous conseille :