L’agriculture familiale, un espoir pour les chocolatiers
Fèves de cacao
Le retour à l’agriculture familiale a débuté vers 1994, alors que les grandes plantations brésiliennes et malaisiennes s’effondrent sous le coup de la baisse tendancielle et structurelle du cours du Cacao. Après le succès du boom café des exploitations familiales vietnamiennes, les chocolatiers ont tenté de rééditer l’expérience pour le cacao. Le processus étant long, le boom cacao ne se décrète pas. Dès les années 2000, l’intérêt croissant de l’industrie va encourager les producteurs ghanéens et ivoiriens à fournir 2 000 000 de tonnes de fèves de cacao soit la moitié du marché mondial. Un appui est apporté aux planteurs constitués en coopératives par le secteur privé pour soulager les nombreuses familles de l’Afrique de l’Ouest. Très vite, les industriels du chocolat font face au manque d’expertises de cette agriculture familiale qui rend les rendements faibles en Côte d’Ivoire. L’agro-industrie décide donc d’investir dans la formation avec la multiplication des « champs-écoles » pour les paysans.
Une production en baisse constante
Cabosses
Toutefois, une baisse de la production se fait ressentir et pour François Ruf « il faut chercher les raisons de cette baisse de la production du cacao dans le changement d’environnement ». En effet la déforestation, le vieillissement des plantations, l’appauvrissement et l’acidification des sols sont quelques raisons de cette baisse de production. A cela, il faut ajouter les attaques d’insectes et les maladies récurrentes sur les cacaoyers. Les producteurs décident alors de se reconvertir à la culture de l’hévéa plus résistant à toutes ces conditions climatiques. Ces rendements en baisse sont en cohérence avec la dégradation structurelle du marché et des prix du cacao. De plus la taxation est restée toujours élevée en Côte d’Ivoire.
Les stratégies revues
Cabosse et Chocolat Chaud
Bien que les agriculteurs soient conscients des bonnes pratiques pour assurer une bonne productivité, ils restent sceptiques vis-à-vis des techniques promues ces dernières années. En effet, les techniques pratiquées dans les champs-écoles et les programmes sont très rigoureux et nécessitent un travail supplémentaire. Bien que le rendement par hectare soit amélioré, cette activité comporte un très grand risque. Les planteurs ne peuvent s’engager dans de vastes projets innovateurs empreints de risques car ces derniers doivent pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles. Par souci de sécurité alimentaire, certains préfèrent s’engager dans la culture du riz, de l’hévéa ce qui ne bénéficie pas aux champs de cacao.
La fertilisation Chimique ou biologique ?
Cacaotier
La culture du cacao en Côte d’ivoire a été sauvée grâce à l’expertise et le dynamisme des planteurs Baoulés, un peuple migrant venu du centre du pays. Ces derniers ont pensé à des stratégies innovantes depuis près de vingt ans telles que l’utilisation des engrais et des méthodes spécifiques d’application. Par la suite, les planteurs et commerçants ont pensé à mettre sur pied des réseaux de distribution de fientes de poulets. Il est donc possible de s’offrir la fiente qui est disponible à l’entrée de plusieurs villages. Ceci, n’enlève en rien l’utilisation des engrais chimiques. Ces planteurs savent plus que quiconque ce dont les plants de cacao ont besoin pour grandir et bien produire. En plus des fientes de cacao, ils optent pour le fumier de mouton, les résidus agricoles tels que le son de riz. Pour un meilleur rendement des plantations, il est important de privilégier les plantations familiales car les planteurs sont déjà assez outillés sur les techniques de l’agro-industrie, ainsi que la formation. Pour pérenniser cette activité, il est dont impératif de revoir aussi les prix, les intrants, et le renouvellement des verges. Tout n’est donc pas perdu, bien au contraire, la culture du cacao a encore du chemin à faire.