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La fabuleuse histoire de la chocolaterie Prestat



Lorsque Nick Crean et son demi-frère Bill Keeling sont devenus propriétaires de la chocolaterie Prestat en octobre 1998, ils ne s’attendaient pas à être projetés dans un conte digne de Roald Dahl – auteur de Charlie et la Chocolaterie et client historique de la maison.



Boutique Prestat
Boutique Prestat
C’est neuf mois après l’acquisition de l’entreprise que la recherche d’une échelle les mènera à la “pièce secrète”, révélée par Peggy Cramer, employée de Prestat depuis plus de 30 ans.
Condamnée suite à une inondation, la porte n’avait été ouverte depuis des années et ne menait pas à la discothèque voisine, comme le pensaient les nouveaux propriétaires. Bill Keeling était pourtant sûr d’avoir entendu des bruits, des rires, une musique, des flutes de champagne qui se rencontrent, émaner de cette porte secrète. Lorsqu’il tourna la clé dans la serrure, c’est l’histoire de la chocolaterie qu’il découvrit.
Malgré ses 96 années d’existence, aucun ancien emballage et très peu de documents étaient parvenus aux deux frères. Une fouille de la pièce secrète a permis d’en apprendre plus sur les 70 dernières années et sur l’origine de la marque.

Le français Antoine Dufour, descendant de chocolatiers aurait fondé Prestat en 1902 et employait à l’époque 16 employés européens. Les recettes de ses caramels au chocolat et au café, ses fondants ou ses fameuses truffes ont été léguées à la chocolaterie. Les truffes de Prestat sont devenues célèbres sous le nom de « Napoléon III », alors exilé dans une Angleterre qui célébrait le chocolat fin. Le nom de la chocolaterie vient lui d’un proche d’Antoine Dufour, son petit-fils Pierre Prestat né en 1888.

Une maison française très anglaise

Boîtes de Minis Truffles Prestat
Boîtes de Minis Truffles Prestat
Si les premières boutiques ont vu le jour sur les rues aujourd’hui les plus commerçantes de Londres, la fabrication de marchandise a depuis longtemps été délocalisée.
Parents de 5 enfants, Antoine et Amelia ont confié les rênes de l’entreprise familiale à l’ainé, Tony, qui assuma ce rôle jusqu’aux années 1950. Tony était un homme séduisant et élégant, comme l’attestent les photos retrouvées dans la pièce secrète. La tuberculose et la seconde guerre mondiale ont affaibli ses capacités comme la chocolaterie et poussé les boutiques à fermer les unes après les autres : seule celle de Swithin Street était encore ouverte. En 1959, Tony Dufour vendra faute de descendants la maison française à Neville et Maxwell Croft, hommes de théâtre de la capitale britannique.

Parée de velours rouge, la boutique prend des airs de théâtre et voit son propriétaire armé d’un grand haut-de-forme envoûter les clients. De nombreuses célébrités composent la fidèle clientèle de la chocolaterie. La famille royale, friande des truffes citées dans l’ouvrage Mon Oncle Oswald de Roald Dahl, fera de Prestat un Pourvoyeur officiel des chocolats de sa Majesté La Reine. Les visites de Cher, Tina Turner, Rod Steward ou Paul McCartney permettent à la maison de connaître sa période la plus fructueuse depuis les années 1920. Sans successeurs et affaiblis par l’âge, Neville Croft et sa femme Elisabeth vendent la chocolaterie dans les années 1980 à Stanley S. Cohen, un entrepreneur aux investissements diversifiés. La boutique déménage pour son emplacement actuel et sera bien entretenue, mais l’homme d’affaires ne peut s’occuper avec attention d’un si petit commerce et souhaite le revendre dans les années 1990.

Nick Crean a alors montré un vif intérêt pour cette chocolaterie. Un souvenir d’enfance remontait à la surface dans cette boutique gourmande : Peggy Cramer y vendait déjà les chocolats que le jeune homme affectionnait tant. Dégainant avec fierté son tout nouveau chéquier, l’adolescent s’est vu contraint de montrer une pièce d’identité pour effectuer son achat. Il n’avait rien sur lui, mis à part son nom cousu sur le col de son uniforme scolaire. En acceptant cet achat, Peggy avait provoqué chez Nick Crean un immense sentiment de reconnaissance et une affection qu’il n’oubliera pas. Face à Stanley S. Cohen, il ne put s’empêcher de sortir à nouveau son carnet de chèque, afin de continuer à écrire l’histoire de la Maison Prestat.

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