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[VIDEO] Choba Choba: un chocolat équitable de haute qualité





Sébastien – Bonjour, ici Sébastien Rivière du site internet Chococlic.com. Alors aujourd’hui je suis avec Eric et Christophe, fondateurs de Choba Choba.
Vous avez peut-être sûrement entendu parler sur le site. Et là je les rencontre en vrai. Et on a échangé longuement toute la journée sur leurs projets, sur ce qu’ils veulent faire, et la marque Choba Choba. Et moi j’aimerais bien que eux en parlent, de la naissance de Choba Choba. Pourquoi ? Et après on va échanger sur vos différents projets que vous voulez réaliser. Et bien écoute si toi Eric, ou Christophe veut commencer.

Eric – Oui avec plaisir. Choba Choba c’est une marque de chocolat haut de gamme qu’on a lancée en novembre dernier et qu’on a créée en collaboration avec 35 familles de producteurs de cacao en Amazonie péruvienne, motivés par la volonté de changer véritablement les règles du commerce dans cette industrie du chocolat qui est parfaitement inéquitable et d’essayer d’impliquer plus les producteurs et d’avoir un modèle économique qui puisse véritablement générer un impact concret pour ces familles de producteurs avec lesquelles on travaille.

Sébastien – Qu’est-ce qui vous a amené vraiment à aller sur ce secteur-là ?

Christophe – Sur le secteur de ?

Sébastien – Du chocolat. Est-ce que vous étiez dans le chocolat avant ou pas ?

Christophe – Oui, moi j’ai bossé 8 ans dans une grande entreprise de chocolat en Suisse.

Sébastien – Ok.

Christophe – Et en fait Eric était mon client. Et comme on a fait la production de son chocolat avec des fèves du Pérou, on a toujours voyagé ensemble au Pérou. Et c’est là qu’on a rencontré les petits producteurs et à la fin c’était les petits producteurs eux-mêmes qui nous ont dit : « Mais Eric et Christophe, vos projets que vous avez ici, commerce équitable, ça n’a pas un vrai impact sur nos vies. Est-ce qu’on ne peut pas faire autre chose ? » Et du coup c’est là qu’on a quitté le job. On a fondé Choba Choba avec les producteurs.


Sébastien – Et vous, vous avez des planteurs, différentes familles là-bas où vous vous défoncez, vous faites des super trucs. Et quel est le chemin ensuite de ces fèves de cacao ? Comment ça se passe ?

Eric – Alors nous, contrairement à beaucoup d’artisans chocolatiers aujourd’hui qui prétendent aller au fin fond de la jungle trouver les meilleures fèves tout autour de la planète, on est parti en fait du schéma inverse ; c’est-à-dire que nous, ces producteurs, on les connaît depuis 8 ans, on partage leurs vies. On va régulièrement chez eux. On ne va pas juste rencontrer des gérants de boîtes qui exportent. On va vraiment passer du temps avec les familles de producteurs. Et on s’est rendu compte qu’ils avaient un savoir-faire. Ce ne sont pas simplement des planteurs comme on peut dire dans l’industrie du chocolat. Ce sont de vrais experts, des entrepreneurs et on voulait qu’ils soient entrepreneurs à nos côtés. Donc on est parti du principe que eux avaient une matière première et un savoir-faire d’exception et que c’était un peu l’inverse qu’on allait nous, à partir de cette matière première-là, à partir de cette relation avec les producteurs, essayer de trouver le meilleur chocolatier qui puisse transformer ces fèves en chocolat d’exception. Et Christophe, par son réseau, connaissait un chocolatier qui s’appelle Felchlin, avec qui on a tissé des liens dès le début pour essayer de mettre en place une filière qui soit la plus vertueuse possible, déjà d’un point de vue alternatif, d’un point de vue de l’impact qu’on gèrerait pour les producteurs, mais aussi du point de vue de la qualité.

Christophe – On fait la production de cacao au Pérou avec les petits producteurs et on produit toujours une sorte, une variété de cacao. On fait la production, la récolte, la fermentation et le séchage à part. Et après on importe le cacao, et ici on fait la transformation. On ajoute que du sucre de canne brut, non raffiné. Et du coup on a vraiment un produit sans lécithine de soja, sans huile de palme, sans arômes, sans vanille, sans rien, qui montre vraiment le travail d’exception du producteur, les variétés qui ont un goût exceptionnel. Donc on a à la fin vraiment un produit de haute gamme, pur et naturel.

Sébastien – Alors sur ces types de produit – parce que ça ne fait pas très longtemps, à peine un an que c’est sorti sur le marché – qu’est-ce que vous envisagez dans les prochains mois ? Une petite surprise ? Sur les années qui viennent ?

Eric – Oui, en fait cette première année a été un peu une année test. Ce qui était intéressant c’est qu’on a lancé le projet avec une approche collaborative. Donc on a fait appel au public à travers une campagne de crowdfunding qui a très bien marché. En 4 jours on avait atteint l’objectif. On a finalement réalisé 3 fois l’objectif qu’on s’était fixé. Donc on partait déjà sur des bases collaboratives en essayant d’impliquer les gens dans ce projet-là. Et puis le premier concept qu’on a développé c’était, comme le disait Christophe, tous les 2 mois on produisait un chocolat qui provenait d’une petite parcelle avec une seule et même variété, et tous les 2 mois on renouvelait un nouveau coffre, qui étaient des coffrets produits en édition limitée qu’on tirait à 2000 ou 3000 exemplaires ces petits coffrets-là. Ça nous a servi de test. Pourquoi ? Parce qu’on s’est rendu compte que les consommateurs déjà adhéraient à ce projet de vouloir impliquer les producteurs, adhéraient aussi au fait que tous les 2 mois on leur apportait quelque chose de nouveau et puis avaient envie de nous suivre et nous ont donné des retours encore une fois vu qu’on a construit ce projet-là à partir finalement de nos consommateurs ou des amoureux du chocolat qui voulaient vraiment s’engager avec Choba Choba. Ils nous ont fait des retours. Ils nous ont dit : « Ce chocolat-là on l’adore, celui-là vous devriez faire comme-ci, celui-là c’est quelque chose d’exceptionnel. » On a fait des chocolats au poivre, au gingembre, on a fait des chocolats à la passion et donc finalement on s’est nourri encore une fois de ce que nous ont dit nos consommateurs et on va préparer pour la rentrée, en novembre, une gamme permanente, parce que le retour des consommateurs c’était aussi : « C’est génial, vous me proposez un chocolat qui est éphémère mais je ne peux plus le retrouver. » Donc on a dit : « Ok, on va vous écouter, on va prendre soin de vous. On va faire attention à ce que vous nous dites et on va développer une gamme d’une dizaine de références permanentes, qui seront finalement les meilleures références qu’on aura développées jusqu’à maintenant.

Sébastien – Il y a une chose qui m’a frappé lorsque tu m’as dit aujourd’hui – bon il y a la partie équitable, tu voulais avancer là-dessus – que tu redistribuais un petit peu les cartes par rapport aux producteurs et ce n’est pas juste pour acheter plus cher ou à un super prix les fèves de cacao. Est-ce que tu peux expliquer un petit peu ça ? Parce que je trouvais ça très intéressant, l’angle d’avenir que vous envisagez.

Eric – Comme Christophe le disait, on a bossé pendant une dizaine d’années dans le commerce équitable. On s’est rendu compte qu’il y avait un impact, c’est certain il ne faut pas le nier, mais que ça changeait quasiment pas la donne. Donc aujourd’hui un producteur de cacao c’est tout simple, avec 2 ou 3 hectares de surface cultivée il peut tout simplement pas s’en sortir. Donc on s’est dit, renversons un petit peu le rapport de force. Et pour arriver à renverser ce rapport de force il fallait faire en sorte que les producteurs ne soient plus simplement des fournisseurs de matière première mais soient vraiment des entrepreneurs à nos côtés. C’est comme ça qu’on a décidé avec les producteurs qu’ils devaient devenir véritablement des vendeurs de chocolat. Et plus simplement vendre de la matière première à un intermédiaire qui vend à un intermédiaire, qui vend à un exportateur, qui vend à un importateur, à un transformateur, à un chocolatier, pour finir dans le panier de l’amateur de chocolat. Donc on a changé un petit peu cette donne-là en leur disant : « On va vous permettre, avec cette marque-là, d’être de vrais entrepreneurs à nos côtés. » Donc ça, ça se traduit comment ? Ça se traduit notamment par le fait qu’ils sont actionnaires de cette boîte-là. Ils sont actionnaires de Choba Choba, co-propriétaires de Choba Choba. Donc c’est presque une vente directe ou une filière courte à 10000 km, entre des producteurs au Pérou et des amoureux de chocolat.

Christophe – Et pour complémenter ça, aujourd’hui les petits producteurs ils ont 7% des actions de l’entreprise. Ils ont investi leur argent pour acheter ces 7%. Mais maintenant on a défini un ?07:56. Si les consommateurs achètent un coffret, 5% vont dans un fond qui permet aux producteurs d’acheter plus et plus d’actions, et d’ici à 2020, dans notre business plan, eux ont déjà un tiers des actions et à long terme ils devraient avoir la majorité des actions de l’entreprise. Parce que Choba Choba c’est le projet des producteurs, ce n’est pas le projet d’Eric et Christophe.

Eric – On voulait sortir un petit peu, encore une fois, de l’approche Top-Down du commerce équitable qui était d’aider les producteurs. On veut sortir de ça, pour dire « Non il ne faut pas faire pour les producteurs, il faut faire avec les producteurs. » Et c’est comme ça qu’on va véritablement changer le rapport de force et changer la place du producteur. Bien qu’il soit démuni, marginalisé, à 3 heures de pirogue du premier bled Juanjui au Pérou, ils ont une véritable expertise. Ils ne sont pas simplement des producteurs qui vont planter un cacao et qui vont arrêter. Ils ont toute une expertise sur les sélections variétales, sur les cultures, sur la récolte, sur la post-récolte, sur les techniques de fermentation-séchage, qui comme on le sait, sont essentielles dans la qualité du cacao.
Sébastien, Christoph et Eric©
Sébastien, Christoph et Eric©

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